"c'est le coeur serré que je vous dis qu'il faut cesser le combat". A cause de cette phrase malheureuse prononcée par le Maréchal Pétain le 17 juin 40, deux millions de Français vont être faits prisonniers hors de toute convention d'armistice ( qui ne sera signé que 5 jours plus tard). C'est l'histoire de ces prisonniers coimériens retenus 5 années en Allemagne que nous nous proposons de raconter grâce aux témoignages que vous nous apporterez.

mercredi 30 avril 2008

Liste des prisonniers coimériens recensés à ce jour: 5 ans de captivité
à compléter: écrivez moi : francislaurent33@gmail.com

ou F Laurent 22 allée G Brassens 33600 Pessac.

Gabriel Chaise 1902-1952
Ali Deloubes;
Gérard Desqueyroux;
André Doux;
André Dubernet 1908-1976; interné à Rawa Ruska de 42 à 45.
Robert Dujantieu;
Armel Duluc;
Pierre Ferrand;
Clermont Jousseaume;
Delphin Lamarque;
Jean Léglise ;
Marcel Marquefavre;
Joseph Mussotte;
Jean Roger Saigne;
Gérard Saint Espès

LA MOBILISATION

Drôle de guerre septembre 39
Drôle de guerre parce qu'on a déclaré la guerre à l'Allemagne, mais on ne l'attaque pas. On attend patiemment qu'elle ait fini de dépecer la Pologne.
(Un an auparavant on avait participé à Munich au dépeçage de la Tchécoslovaquie)
Maurice Chevalier fait le tour des popotes et fait gondoler la troupe avec des paroles prémonitoires. "Le Colonel avait de l'albumine Le Commandant souffrait du gros colon Le Capitaine avait mauvaise mine Et le Lieut'nant avait des ganglions Le juteux souffrait de coliqu's néphrétiques Le Sergent avait le polype atrophié Le Caporal un coryza chronique Et l'deuxième classe des cors aux pieds.Et tout ça ça fait D'excellents français D'excellents soldats Qui marchent au pas Oubliant dans cette aventure Qu'ils étaient douillets, fragil's et délicats Et tout ces gaillards Qui pour la plupart Prenaient des cachets, des goutt's et des mixtures Les v'là bien portants Tout comme à vingt ans D'où vient ce miracle là ? Mais du pinard et du tabac !
"http://bmarcore.club.fr/mil/mil186.html

Jean CAZEAUDUMEC
né le 5 mars 1898 à Langon
de Noël Cazeaudumec et Louise Turtaut
marié en 1938 à Lucie Belloumeau née Lamarque

ordre de mobilisation du 7 février 40 pour Jean Cazeaudumec qui avait déjà fait 14-18.
Il partait la nuit garder la voie de chemin de fer à Caudrot.(Témoignage de Norbert Belloumeau)



Jean CAZEAUDUMEC

L'ETRANGE DEFAITE

titre emprunté à Marc Bloch historien strasbourgeois exécuté par les nazis. http://fr.wikipedia.org/wiki/Marc_Bloch

Mai-juin 40
L'armée française se porte en Belgique à la rencontre de l'ennemi. Mais ce n'était qu'une diversion, la véritable attaque a lieu dans les Ardennes: là où s'arrétait la fameuse ligne Maginot.
L'état major avait en son temps décrété les Ardennes infranchissables. L'armée française est prise à revers.

Bordeaux capitale: A mort la Gueuse! -Gérard Boulanger-
le gouvernement se réfugie à Bordeaux. Les quatre plus hauts représentants de l'Etat, le président Lebrun, le président du conseil Reynaud, le président de la chambre Herriot, le président du Sénat Jeanneney sont tous favorables à la poursuite du combat à partir du territoire Algérien. Alger est à l'époque une préfecture. Mais dans les hôtels bordelais se fomente un complot anti républicain conté heure par heure par l'avocat bordelais Gérard Boulanger. Pétain avait 14 ans lors de la guerre de 1870. Pour lui, quand on perd face aux Prussiens c'est pour longtemps: on a perdu en 1870, 48 ans après on a gagné la revanche, vingt deux ans plus tard on perd la belle! Il a sauvé ce qu'il pouvait et l'affaire est close, l'Europe est Allemande.
Ce n'est pas la vision anglaise qui veut à tout prix que la France reste en guerre afin de sauver la flotte de Toulon et de Mers el kébir. Les Anglais ont compris que cette guerre se gagnera sur la longueur (de l'espace et du temps).
Un obscur secrétaire d'état adhère à cette idée et s'envole de Mérignac le 17 juin pour continuer le combat. Le général de Gaulle, seul membre du gouvernement à prévoir que cette guerre sera une guerre mondiale. Avec un an d'avance, il prédit le retournement d'Hitler contre la Russie (juin 41), et l'entrée en guerre du Japon contre les Etats Unis (un an et demi plus tard, déc 41).
"Cette guerre est une guerre mondiale. Toutes les fautes, tous les retards, toutes les souffrances, n'empêchent pas qu'il y a, dans l'univers, tous les moyens nécessaires pour écraser un jour nos ennemis. Foudroyés aujourd'hui par la force mécanique, nous pourrons vaincre dans l'avenir par une force mécanique supérieure. Le destin du monde est là."
http://www.charles-de-gaulle.org/dossier/18juin/temoignages/appel.htm

En juin 40 Français, Anglais et Allemands n'avaient pas 5 000 avions de chasse et bombardiers.
http://fr.wikipedia.org/wiki/Bataille_de_France#Forces_en_pr.C3.A9sence_au_10_mai

Pendant la seule année 1944, l'industrie américaine produira 300 000 avions de combats contre 70 000 au Japon. 88 000 chars américains contre 44 000 allemands. Le revenu par américain est passé de 373 $ en 40 à 1074$ en 45 -L. Henninger - l'histoireN°267- Ce qui fait dire au philosophe bordelais Jacques Ellul que Hitler a gagné la guerre puisqu'il a converti le monde à la surproduction militaire. Actuellement le budget militaire mondial est de 1000 milliards de dollars (dont la moitié pour les seuls USA) http://etatplaneterredurgence.unblog.fr/2007/06/19/etats-unis-budget-militaire/

LA LIGNE DE DEMARCATION

La France est divisée en deux par une ligne oblique Nord est-Sud ouest, ménageant un passage en Espagne car Hitler espérait que Franco le laisserait passer pour aller à Gibraltar. Ce que l'habile général n'a jamais fait et celà lui a permis de se maintenir au pouvoir jusqu'en 1975.

les postes allemands
Les Allemands avaient construit des postes frontières le long de la ligne de démarcation.
Deux maisonnettes de type "tyrolien" en face de la route de Coimères, l'autre à Calès en face de la route de Cazats











La route Langon Bazas ne constituait pas la frontière car elle aurait été difficile à garder tout le long.
De simples voyageurs en changeant de bas côté seraient passés en zone libre. Les Allemands s'étaient ménagé une bande de quatre cents mètres côté Coimères.

lundi 28 avril 2008

LES PASSEURS

Les passeurs sont des esprits forts, des paysans peut être plus indépendants que rebelles. Ils sont chez eux et ce n'est pas l'occupant qui les empéchera de continuer à aller et venir où bon leur semble. Ils traversent sans demander la permission parce qu'ils ont besoin d'aller de l'autre côté. Petit à petit, ils vont être sollicités pour faire traverser les autres.

Joseph DUCHAMPS dit CABAILLE
Né le 21 septembre 1886
Marié le 24 octobre 1911 avec Louise CABANIEU

Joseph a fait la guerre de 14-18
lien: Joseph DUCHAMPS dit Cabaille .
Il habite en zone occupée à cent mètres de la ligne de démarcation qui passe à l'orée du bois.
Tout naturellement, Joseph Duchamps fera le passeur.

Son petit fils Michel se souvient: pendant que mon grand père faisait boire les douaniers autour de la table, mon père passait les gens au "chat noir". Son père lui a dit avoir fait traverser des Juifs et des Noirs affamés réduits à manger des glands et des châtaignes crues. (Est ce en rapport avec les nombreux dockers noirs qui vivaient au quartier Saint Pierre avant la guerre et dont nul ne sait ce qu'ils sont devenus? Est ce en rapport avec le camp de prisonniers sénagalais de Saint Léger de Balson? -Ph. Souleau -ligne de démarcation en Gironde p.292 -Quand Michel partait à l'école à Coimères, le matin, il devait faire un détour pour aller au bout de la route afin de se signaler aux douaniers allemands. Pourquoi faire compliqué quand on a la ligne à cent mètres et que l'on voit qu'il n'y a pas la patrouille. Il faisait comme son père: il coupait à travers bois.


Quelques kilomètres plus loin à Langon, un autre paysan Marcel Buytet qui habite au Teigney, en zone libre a l'habitude d'aller au restaurant Raymond Oliver ... non pas pour y manger mais pour y livrer des produits de sa ferme. Il en ressort dicrètement suivi par des convives qui l'y attendent et qu'il est chargé de ramener en zone libre.
Un soir où son manège avait du être repéré, la petite troupe est attendue par la patrouille.
Ils sont arrétés cours du 14 juillet et conduits au poste. (route de Bazas)
Marcel ancien avant du Stade langonnais, juste avant d'être poussé dans sa cellule boxe son gardien et s'enfuit pieds nus dans la nuit. (Ci-contre le poste allemand d'où Marcel s'échappa). Quelques jour plus tard, sa fille Marcelle est arrétée route de Bazas, conduite au poste de douane allemande, route d'Auros à l'angle de la rue dela zone Dumes ci-dessous) elle est gardée quelques heures pour forcer son père à venir la chercher. Désormais, Marcelle et Jeannot iront à l'école à Saint Pey pour ne plus avoir à traverser la ligne de démarcation.
Les Allemands , vexés, bravant les accords d'armistice viendront arrêter mon grand père chez lui en zone libre, le 4 mai 41. "A leur retour de mission, les douaniers allemands menacent avec leurs armes le soldat Félix Brinon, au passage du poste français A15, au lieu dit La Croix". (cité par Philippe Souleau - la ligne de démarcation en Gironde p.50 - )Marcel Buytet est enfermé à la maison des jeunes en face du vieux pont. Il y reste une semaine et y recevra la visite de sa femme et de ses enfants. Puis il est tranféré au fort du Hâ à Bordeaux. Plusieurs pétitions circulent animées par le pharmacien Mesnage et le maire Dubourdieu. Marcel Buytet restera 3 semaines au fort du Hâ et sera libéré sur intervention des "autorités" de Vichy saisies pour cette violation de territoire.

ci-contre: de gauche à droite: Marcel, Marcelle et Suzanne, un douanier français: Adrien Lairen tenant son enfant dans ses bras et un prisonnier évadé.




Suzanne et Marcel assuraient de plus la réexpédition du courrier de la zone sud vers la zone Nord. Jeannot et Marcelle à cette époque, ont passé dans leur cartable des dizaines de lettres clandestines qu'ils répartissaient dans plusieurs boites à lettre de la ville. Dans l'autre sens, Côté occupé, les cousins de Suzanne, Eloi et Marcelle Dupiol (Graines et fourrage, pompe à essence, 60, route de Bazas) et Mr Lescouzères assuraient la réception du courrier de la zone occupée vers la zone libre.
La libre circulation du courrier entre les deux zones a été interrompue, le 1 aout 1940. Paradoxalement, c'est l'occupation de la zone sud en novembre 42, qui rétablira la libre circulation du courrier entre les deux zones.







Ci-dessus l'ancienne prison du Fort du Hâ entre l'école de la magistrature et le tribunal.

LA COLLABORATION

Poignée de main Hitler Pétain
24 octobre à Montoire.
http://www.herodote.net/histoire/evenement.php?jour=19401024
«C'est dans l'honneur et pour maintenir l'unité française, une unité de dix siècles, dans le cadre d'une activité constructive du nouvel ordre européen, que j'entre aujourd'hui dans la voie de la collaboration (...). Cette collaboration doit être sincère...».

Puis il renvoie Laval en décembre 40 , mais , il est contraint de le rappeler le 17 avril 42 afin de mettre son administration à la botte des allemands. Il s'en suivra la rafle du Vel d'hiv du 17 juillet 42 et la déportation de 75 000 Juifs .
-Raul Hilberg L'extermination des Juifs d'Europe.-
le STO en 43

Le Chagrin et la Pitié de Marcel Ophuls se termine sur un extrait de film d'archives du chanteur Maurice Chevalier qui tente de justifier un concert qu'il donna en Allemagne nazie. Il faut comprendre, déclare-t-il, avant de nous proposer une interprétation de Sweeping the Clouds away, que cette visite n'avait pas pour but de divertir les troupes allemandes mais de donner du courage aux prisonniers français d'un camp de concentration.
http://www.wsws.org/francais/hiscul/2001/sept01/16aout01_m0phuls.shtml

dimanche 27 avril 2008

AUSWEISS

Jean Raymond ETIENNE né à Coimères le 7 mars 1900;
frère de Jean ETIENNE Tué en 16 à Vauxaillon
http://coimeres14-18.blogspot.com/2008/02/etienne-jean-11-octobre-1917-vauxaillon.html



Ausweiss (laisser passer ) pour traverser la ligne de démarcation.


Chaque passage quotidien était notifié.




LE MESS DES OFFICIERS

Après le découpage de la France par la ligne de démarcation, Coimères devint une ville frontière et hébergea des troupes. Les officiers logeaient dans la maison de Mme Forcet.
Henriette Bardin se souvient de l'aspirant Parcollet qui venait au café tenu par ses parents (Germaine et Etienne Guicheney
Etienne GUICHENEY dit "Cinquet" ) . Monsieur Parcollet était de Montélimar et jouait de l'harmonium.

LES SOLDATS A COIMERES


Les soldats étaient hébergés dans la petite maison après les écuries à côté de la grande maison de Mme Dulac (actuellement à Mr Marcellus, en face de l'entrée du cimetière)




L'adjudant Digan et sa famille. le 19 octobre 1943.





L'adjudant Lasfargue le 1 août 1941;
Hussard de Sarlat.

LE POSTE DE DOUANE

Etienne Chomienne (150ème RI)de Saint Etienne gardait le poste de douanne en Mai 42.
A l'angle de la route de l'hippodrome devant chez Yves et Ginette Sagne.

Il avait prété sa tenue pour que les filles se déguisent.

LES CHANTIERS DE JEUNESSE

http://fr.wikipedia.org/wiki/Chantiers_de_la_jeunesse_fran%C3%A7aise

-Marcel Duros debout le 5ème-
L'armistice de 1940 ayant supprimé le service militaire obligatoire, les chantiers de jeunesse furent créés comme une sorte de substitut le 30 juillet 1940. Les jeunes hommes de la zone libre et de l'Afrique du Nord française en âge (20 ans) d'accomplir leurs obligations militaires y étaient incorporés pour un stage de six mois. Ils vivaient en camps près de la nature, à la manière du scoutisme, mais avec le volontariat en moins, et accomplissaient des travaux d'intérêt général, notamment forestiers, dans une ambiance militaire. Ils étaient encadrés par des officiers d'active et de réserve, ainsi que par des aspirants formés pendant la guerre de 1939-1940. A partir de 1941 l'obligation des chantiers de jeunesse est étendue à tous les français de zone libre devant accomplir leurs obligations militaires pour 8 mois.


-Marcel Duros 
né le 5 février 1920, mobilisé le 13 mars 40, canonnier de 2ème classe le 10 juin 40
Ci-contre au camp de jeunesse d'Artagnan en 1940
1945: affecté au 528 ème Compagnie de Garde de Saint Médard

samedi 26 avril 2008

LES BALS CLANDESTINS

Les bals étaient interdits pendant l'occupation. Mais les jeunes bravaient l'interdit et organisaient des bals clandestins dans des granges. Ce n'est pas de la résistance, mais c'est déjà de la rebellion. Un peu comme les raves de maintenant???
j'attends les témoignages.

LE RATIONNEMENT


Les tickets de rationnement que les Français avaient connus en 14-18 et qui avaient perduré après, réapparaissent.
275 grammes de pain par jour
120 grammes de viande par semaine.

carnet de ravitaillement conservé par Mme Portier.
Il y avait des abattages clandestins et parfois la gendarmerie débarquait chez les uns et les autres pour mener l'enquête. Ce qui occasionnait ensuite rancoeurs et rumeurs: qui m'a dénoncé?

vendredi 25 avril 2008

LES CONCERTS DES PRISONNIERS

Mme Portier, l'institutrice, organisait des concerts pour collecter des fonds et envoyer des colis aux prisonniers. Henriette Bardin se souvient que ces concerts eurent un tel succès qu'ils ont été obligés de faire deux représentations.

Liste des prisonniers coimériens recensés à ce jour:
Ali Deloubes; Gérard Desqueyroux; André Doux; André Dubernet ; Armel Duluc; Pierre Ferrand; Clermont Jousseaume; Delphin Lamarque; Jean Léglise ; Marcel Marquefavre; Joseph Mussotte; Jean Roger Saigne; Gérard Saint Espès

Ci dessus Blanche Neige et les sept nains.
ci dessus 1942? de gauche à droite: 1. Raymonde Lacampagne, 2. Denise Tauzin, 3 Marcelle Duciol, 4. Ginette Billon, 5. Jacqueline Daney , 6. Henriette Guicheney, 7. Cécile Ducos, 8. Arlette Mothes, 9. Fedorra Stocco, 10. Eliette Duchamps, 11. Jeanine Laurent, 12. Julia Sbrissa,
1er rang: Raymonde Castaing, Vanda Stocco, Simone Tauzin.
Ci dessus 1943? de gauche à droite: 1. Julia Sbrissa, 2. Denise Tauzin, 3. Raymonde Lacampagne, 4. Jeanine Laurent, 5. Henriette Guicheney, 6. Arlette Mothes, 7. Marcelle Duciol, 8. Jacqueline Daney, 9. Eliette Duchamps, 10. Fedora Stocco, 11. Vanda Stocco 12. Simone Tauzin,
Au milieu: Odette Soubes


1. Raymonde Castaing, 2.Simone Tauzin? 3. Marcelle Duciol, 4. Jacqueline Sbrissa, 5. Jacqueline Daney, 6. Raymonde Lacampagne, 7. Jeanine Laurent, 8. Henriette Guicheney, 9. Simone Tauzin, 10. Eliette Duchamp
Devant: Vanda Stocco.



LES PRISONNIERS


Ali DELOUBES né le 2/9/1907 à Langon ,
Agriculteur au "Mineur" à Coimères,
fait prisonnier à Mirecourt Vosges
carte: http://maps.google.fr/maps?hl=fr&q=mirecourt&ie=UTF8&ll=48.308774,6.133118&spn=1.837711,4.921875&z=8hl=fr&q=mirecourt&ie=UTF8&ll=48.308774,6.133118&spn=1.837711,4.921875&z=8
en juin 1940,
18 au 21 juin 1940 Combat important à Châtel sur Moselle qui est bombardé par l'aviation allemande.
20 juin 1940 26 soldats appartenant au 146ème Régiment d'infanterie de forteresse sont fusillés par les allemands à Domptail au lieu dit " La Louvière".
Prisonnier au stalag XI A Altengrabow lien: http://ppognant.online.fr/cadalten2.html
près de Dörnitz à 90 km de Berlin, 50 km après Magdeburg, en Saxe.


http://www.moosburg.org/info/stalag/delafra.html
travail forcé à l'agriculture, retour 1945

ci dessous les initiales KG (Kriegs Gefangener - prisonniers de guerre) peintes sur les vestes.
Au milieu ramassage de patates (Ali 4 ème à Gauche. Le garde, debout derrière)

Devant le tas de bois (Ali 2ème à Gauche) Sur la route (Ali à droite)



Cliquez sur les photos pour les agrandir.

Marie Jeanne, René et Jeannot (en communiant) en 1942 . Leur père est absent depuis deux ans, ils ne le reverront que dans trois ans.
Marie Jeanne a attendu son père 4 ans en 14 -18, cinq ans son mari en 40-45, deux ans son fils à la guerre d'Algérie (11 ans de guerre )
http://coimeres14-18.blogspot.com/2008/01/gabriel-desqueyroux-dit-polka.html









Jean Roger SAIGNE dit Capbache. (Peut être parce qu'il baissait la tête et qu'il parlait peu. Une vache cap bachée est une vache à qui on attache l'oreille à la patte pour qu'elle se tienne tranquille)







Domestique chez les Despujols à Lados au Pin Franc. Prisonnier 5 ans, (employé à la terre?) libéré par les Russes. Au retour de la guerre se maria avec la fille de la maison, mère de Pierrette Belloumeau (témoignage Norbert) .

lundi 14 avril 2008

RAWA RUSKA

Rawa Ruska camp de représailles où l'on envoyait ceux qui avaient tenté de s'évader ou qui refusaient de travailler pour le Reich.
http://fr.wikipedia.org/wiki/Rawa_Ruska
Rawa Ruska était alors sur le "territoire de la Pologne" (mais il n'y avait plus de Pologne). Rawa Ruska fut à la libération (par les russes) intégré à l'Ukraine. (près de Lwiv)

















Nous avons déjà retrouvé deux Coimériens internés à Rawa Ruska.

André DUBERNET, né le 18 janvier à Brouqueyran, le coiffeur, épicier, marié avec Mauricette Labat en 1933 couturière, père de Jean Louis Dubernet. (voir le dernier chapître: le baby boom )

Jean Léglise ??? mort le 4 février 1959. plaque photographiée ci-dessous.

dimanche 13 avril 2008

NOVEMBRE 42 LE TOURNANT DE LA GUERRE

Débarquement des Alliés en Afrique du Nord 8 Novembre
Les Allemands rompent les conventions d'armistice et envahissent la zone sud. IIls se rapprochent de Toulon et vont saisir la flotte.

Toulon

"Il se peut que tu aimes la marine française! Mais la marine française elle te dit merde". Phrase prémonitoire dans Marius de Pagnol Tous les impôts de nos grands parents partent à l'eau! La France au début de la guerre avait la deuxième flotte du monde. Elle va remporter une des plus grandes batailles navales de l'histoire du monde en tonnage coulé. Incapable de choisir entre le ralliement aux Anglais ou aux Allemands, l'amiral Laborde Saborde sa flotte dans la rade de Toulon.
http://www.ldh-toulon.net/spip.php?article80
Certains bateaux seront renfloués et finiront la guerre sous pavillon italien.

Stalingrad
Les Allemands n'ont pas réussi à prendre Stalingrad à l'automne 42. Ils vont devoir passer l'hiver devant Stalingrad. La bataille aura entraîné la mort de 2 millions de personnes. L'armée allemande capitulera le 2 février 1943. La retraite allemande a commencé.

http://fr.wikipedia.org/wiki/Bataille_de_Stalingrad

Guadalcanal
la bataille débute le 11 octobre 42 et finira le 15 janvier 43 par le départ des Japonais. Six mois après Midway
http://fr.wikipedia.org/wiki/Bataille_de_Midway c'est la confirmation du basculement de la guerre du Pacifique.
http://fr.wikipedia.org/wiki/Guadalcanal

vendredi 11 avril 2008

LA RELEVE ET LE STO

21 mars 1942 La Relève
3 ouvriers qualifiés contre un prisonnier.
A la fin de l'année, les effectifs exigés (250 000) ne sont pas atteints, les allemands vont décider la création du STO.

http://www.affiches-memorial.unicaen.fr/cindoc.web/memorial/dossier1b.htm

Quatre " Aktions Sauckel ", c'est-à-dire quatre plans de réquisition de main-d'oeuvre sont successivement mis en service.
4 septembre 1942 loi sur l'orientation de la main-d'oeuvre. Elle prévoit le recensement de tous les hommes de 18 à 50 ans et des femmes de 21 à 35 ans, "pour effectuer tous travaux que le Gouvernement jugera utiles dans l'intérêt supérieur de la nation". En fait, elle est l'instrument indispensable à l'organisation des réquisitions : chaque travailleur est "trié" selon son âge, son statut familial et surtout ses compétences professionnelles. Le monde de la métallurgie et de la sidérurgie sont directement visés par ce premier plan.
En janvier 1943, Sauckel décide de la deuxième opération et réclame 500 000 travailleurs dont 250 000 destinés à l'Allemagne.

16 février 1943 le Service Obligatoire du Travail (S.O.T.) appelé STO.
Basée sur le principe du service militaire, elle autorise la réquisition de trois classes d'âge : 1940, 1941, 1942 pour une durée de deux ans.
La classe d'âge 1922 fut la plus touchée, et les exemptions ou sursis initialement promis aux agriculteurs ou aux étudiants disparurent dès juin. Les filles étaient aussi théoriquement concernées, mais hors quelques cas individuels, elles ne furent jamais envoyées au STO Les réfractaires au S.T.O. sont si nombreux que les permissions sont suspendues. Elles reprennent finalement avec le système du cautionnement : le retour de l'ouvrier permissionnaire conditionne le congé d'un autre ouvrier resté sur place.

jeudi 10 avril 2008

LA RESISTANCE

Il y avait deux conceptions de la Résistance:
la conception gaulliste
qui consistait à unifier les réseaux de résistance afin de déclancher une insurection le jour du débarquement des alliés. En bon militaire, De Gaulle savait qu'il n'était pas trop difficile de débarquer, mais dès que les Allemands sauront où le dénbarquement a commencé , ils concentreront des forces qui rejetteront les alliés à la mer. De Gaulle avait deux objectifs:
1) un objectif militaire: retarder la concentration des troupes allemandes en faisant sauter les voies de communication dès le débarquement.
2) un objectif politique: arriver le premier à Paris pour prendre le pouvoir et être reconnu par l'ensemble des partis pour représenter la France aux côtés des alliés comme puissance ayant participé à la victoire.

la conception communiste:
Dès l'invasion de l'URSS par Hitler en juin 41, les communistes peuvent sortir du malaise dans lequel les avait plongé le pacte germano-soviétique. Ils vont se jeter dans le combat avec une immense générosité romantique. Il ya des dizaines de milliers de Guy Moquet.
C'est le premier attentat à Paris accompli par le futur "colonel Fabien" qui assassine un officier allemand dans le métro qui illustre la conception communiste: Il faut tuer des officiers allemands pour que les troupes d'occupation se sentent en insécurité et cessent de paraitre comme des gens somme toute très corrects, avec qui on peut s'entendre. Il faut à l'intérieur du pays créer un front, les pour, les contre. Tout attentat provoque une répression qui à son tour génère des résistants.
Les communistes constituent l'essentiel des forces résistantes armées de juin 41 à février 43 à l'instauration du STO.

L'instauration du STO en février 43 renforça les effectifs de la Résistance à cause des réfractaires. La Résistance atteignait environ 40 000 hommes en avril 44 et 200 000 pendant l'été 44 après le débarquement.

lundi 7 avril 2008

UN AVION S'ECRASE A COIMERES

d'après Philippe Souleau: "la ligne de démarcation en Gironde" p.216
le 15 juin 1944 un B 17 touché à Angoulème
par la DCA Allemande, vient s'écraser à Coimères dans le bois entre Salabarthan et Pérèou.
Les neufs membres d'équipages réussissent à sauter en parachute. Six sont récupérés par le bataillon Mickey tandis que les trois autres dont le pilote, le lieutenant Kelly sont récupérés par André Duclos, André Dupouy, Elie Filleau et Jean Lafon tous les quatre de Villandraut. Le lendemain Dupouy les conduit à Cudos chez Menvielle d'où ils seront acheminés par le réseau Armagnac, l'un en Italie (Kelly) les deux autres en Espagne d'où ils regagneront l'Angleterre.
Paul Lafon dans son ouvrage "les oubliés du Ciron" y consacre une vingtaine de page)

Le B17 est un énorme avion pour l'époque: 30 tonnes, 23 m de long, 32 mètres d'envergure.
http://avions.legendaires.free.fr/b17.php

http://fr.wikipedia.org/wiki/Boeing_B-17

samedi 5 avril 2008

Robert DUJANTIEU MPLF


Robert DUJEANTIEU (fiche MPLF mémoire des hommes orthographié duJEANtieu et duJANtieu sur la tombe)
Mort pour la France le 14-10-1944 (Duisbourg, Allemagne)

Né(e) le 22-02-1919 à Coimères (33 - Gironde)

Carrière
Statut
Unité
Mention
Cause du décès:
Cote

A partir de 1942 Duisbourg (près de la Hollande , sur le Rhin, a subi pas moins de 311 bombardements
soit un tous les trois jours. 80% des bâtiments étaient détruits à la fin de la guerre. Il est probable que Robert Dujantieu a du être enseveli dans son stalag.

A propos de son Régiment 56e RA: extrait du forum http://atf40.forumculture.net/t2141-recherche-sur-le-56eme-regiment-rad-8eme-batterie-en-1940
"Autre chose que je trouve étrange: pourquoi n'y-a-t'il pas toujours exactement la même appellation:parfois RAD, parfois RAM ou RAMD?"
- le 56e RA était une unité d'active, stationnant à Montpellier en temps de paix. C'était aussi un RA de Montagne (donc RAM) depuis les années 1930, destiné à constituer l'artillerie divisionnaire de la 31e DIA en cas de guerre.
À la mobilisation de 1939, il forme donc le 56e RAD (RA Divisionnaire) de la 31e DI; voir la liste des RA sur le site ATF40 et la liste des chefs de corps sur la section Hommes du forum. On peut donc suivre le 56e RAD en retraçant les mouvements de la 31e DI durant la campagne; les dernières unités combattantes de la 31e DI sont effectivement capturées dans les environs de St-Valéry-en-Caux le 12/6/40. (entre Fécamp et Dieppe sur la Manche) Voir par exemple l'historique succinct dans GUF.




Voici ce qu'avait répondu le Service Historique au chef de corps de cette unité, recrée en 1974 comme régiment de réserve stationné à Provins (et dissous depuis) :

"Période 1939-1940 : Les premières mesures de la mobilisation portent le 56° R.A., en échelon de couverture, dans le secteur des Alpes, plus particulièrement dans la région de LE SAIX.
Mis aux ordres de la VIIIème Armée, le régiment fait mouvement sur MONTBELIARD puis sur FERRETTE (Haut-Rhin) où il passe les mois d'hiver à parfaire son instruction.
Le 22 Février 1940, le 56° RA, aux ordres de la Vème Armée, est transporté dans la région de SARREBOURG, en vue de relever le 58ème R.A.D. dans le secteur de BITCHE. Il fait mouvement le 28 Mai sur COURN4Y- EN - BRAY, puis le 2 Juin, dans le cadre de la Xème Armée sur la PRESLE, région sud d’ABBEVILLE.
Le 4 Juin, en liaison avec la 51éme D.I. britannique, la 31ème D.I. (dont fait partie le 56° R.A.) lance une attaque destinée à réduire la tête de pont lancée par les Allemands sur la Somme. Devant la disproportion des moyens opposés, celle-ci s'avère infructueuse. Très éprouvé le régiment doit faire face, dès le lendemain à, une nouvelle poussée ennemie. Il se replie à nouveau en direction de HUPPY (Somme) puis de PIERRECOURT, au sud de BLANGY (Seine-Maritime).
Le 8 Juin, une intense activité de l'artillerie se manifeste de part et d'autre, laissant prévoir une attaque imminente de l'adversaire. Les feux nourris de l'artillerie allemande contraignent le régiment à se replier sur la maison forestière des GRANDES VENTES, puis dans la nuit du 9 au 10 Juin, en direction de l'Ouest. Regroupé à ST VALERY EN CAUX, il reçoit pour mission de protéger les embarquements par mer.
Le 12 Juin, après avoir épuisé toutes ses munitions, le 56eme régiment d'artillerie met bas les armes. Il est alors fait prisonnier
."


Le carton détenu au SHD est d'une indigence rare : On n'y trouve que le rapport de l'Adjudant Cau, libéré comme grand blessé après l'armistice, dont voici une copie :

Rapport de l’adjudant Cau Francis de la 5e bie du 56e RAMD sur l’attitude du capitaine Robert et de sa batterie au combat de Manneville-es-Plain les 11 et 12 juin 1940.
La 5e Bie du 56e RAMD commandée par le capitaine Robert prend position le 11 juin 1940 à 15h30 en bordure d’un chemin creux à la sortie de Manneville-es-Plain, à 300 mètres de la route de St Valery-en-Caux à Veules-les-Roses.
La situation est assez confuse, le chef d’escadron cmdt le 2e groupe du 56e RAMD, Commandant Anduze
, parti à midi en direction de St Valéry à la recherche du PC du régiment, n’est pas encore revenu et ne devait plus revenir, tué à St Valéry vers 14h30 dans la voiture du Colonel Verdier, Cdt le 81e RIA, accompagné de son capitaine-adjoint Lieutenant Alcalis. Ces 3 officiers, tués sur le coup par l’éclatement d’un obus tombé à 4 mètres derrière la voiture, reposent au cimetière de la ville (1) . Le Capitaine Mullot, capitaine-adjoint, prend le commandant du groupe.
Le Capitaine Robert reçoit comme mission de tirer en direction de St Valéry. Les lignes paraissent être assez mouvantes et les renseignements précis manquent. Néanmoins le Capitaine a à cœur de soutenir au maximum l’Infanterie qui se bat sans relâche depuis le 4 juin, cela il le fait avec des moyens de fortune, en effet c’est à l’aide d’une carte d’almanach postal qu’il détermine la distance des objectifs.
Vers 20 heures un coup de téléphone annonce au Capitaine que ses tirs ont été observés par un Sous-Lieutenant du 73e d’Artillerie qui passe le message suivant : « J’ai pu observer votre tir, il était très bien, vous avez atteint des chars ennemis, tirez maintenant 400 mètres à droite car les chars se sont déplacés. »
La batterie tire jusqu’à 23 heures. Quelques coups fusant éclatent au dessus de la position sans faire de mal.
Vers 0h30 un ordre reçu par téléphone prescrit de mettre les canons hors de combat et de se préparer à embarquer en emportant les armes individuelles et automatiques ainsi que les sacs. Les appareils de pointage sont alors faussés les culasses démontées et les différentes pièces dispersées dans les champs aux alentours.
La batterie se rassemble en ordre dans le chemin creux et fait une centaine de mètres dans la nuit. La pluie a commencé de tomber. Tout à coup un ordre arrive : « Halte, attendez de nouveaux ordres. ». Les hommes sommeillent en s’abritant de leur mieux.
Après un moment d’attente, voyant qu’aucun ordre ne venait et comprenant que la situation était grave le Capitaine Robert et la Capitaine Mullot se rendent au QG de la division pour y obtenir des ordres précis. 

Le général leur répond : « Nous devons tenir le secteur et nous le tiendrons jusqu’au bout » (2) .
Vers 5 heures du matin, le capitaine fait mener toute la batterie dans la cour du château de Manneville. La pluie continue de tomber fine et froide. Le capitaine ordonne au brigadier d’ordinaire de faire le café pour tout le monde.
Au bout d’un moment je suis prévenu par un canonnier que le Capitaine me demande ainsi qu’à l’adjudant de batterie. Nous le trouvons, calme et songeur, à l’entrée du château, le visage un peu pâli par l’effort incessant qu’il ne cesse de soutenir depuis le début de cette campagne de la Somme qui ne lui a laissé aucun moment de répit. Marchant la nuit et une partie de la matinée, mangeant à la hâte le même menu que ses hommes, préparant les tirs demandés, en surveillant l’exécution et recommençant ainsi chaque jour à donner à chacun l’exemple du chef dans tout ce que ce rôle exige d’abnégation et de sacrifice.
C’est à ce moment que le capitaine nous met au courant de la situation telle qu’elle se présente. Il nous relate brièvement sa visite au QG de la Division et la réponse du Général et nous dit ensuite, « Je viens d’apercevoir au large des bateaux de guerre qui croisent. Nous pourrons certainement embarquer mais avant tout nous devons nous défendre. L’Infanterie va attaquer et nous devons nous tenir prêt à lui apporter le maximum d’aide. »
- « Cau vous allez amener sur la position de Batterie et remettre toutes les pièces en état de tirer.
- Bourdel (c’est le nom de l’adjudant de Batterie) vous allez amener tous les conducteurs, faites rebatter les mulets prêts à charger le matériel dans le cas où il faudrait progresser avec l’Infanterie. »
J’exécute l’ordre que je viens de recevoir en en vingt minutes, 3 pièces sur 4 sont prêtes à tirer. Seule la 4e est impossible à remettre en état car le frein a subi une avarie et s’est complètement vidé. Je rends compte au capitaine du résultat, il m’accueille avec un grand sourire et me dit en me tapant amicalement l’épaule : « Ca va mieux, hein Cau ? Vous savez, l’ordre de mettre les pièces hors de combat, et bien il y a là-dessous un coup de la 5e colonne, je vous raconterai ça… »
L’entrain et la bonne humeur du capitaine ont gagné ont gagné tout le monde et chacun a reprit confiance en voyant son chef heureux du résultat qu’un travail acharné et violent vient d’obtenir.
La 5e Batterie ne possède que peu de munitions sur sa position et le Capitaine fait organiser une corvée pour aller chercher des caisses d’obus, de douilles et de fusée sur la position de la 6e Batterie distante d’environ 150 mètres. La pluie a cessé de tomber.
Le Capitaine Mullot passe sur la position de la 5e batterie. Tout le monde est à son poste. Il demande au Capitaine Robert de tirer en direction de Veules-les-Roses car c’est par là que le crépitement des mitrailleuses est le plus intense. Le capitaine part sur la route de Veules-les-Roses en compagnie de son Lieutenant de tir, le Sous-Lieutenant Thomas, à la recherche d’un observatoire.
C’est alors que nous essuyons une première rafale de balles traceuses provenant d’un bois où depuis un moment on entend une fusillade intense. Le Sous-Lieutenant Thomas revient rapidement à la Batterie. Je le mets au courant de ce qui vient de se passer. Il part, la canne à la main, debout, à travers champs en direction du bois où le bruit des mitrailleuses est de plus en plus fourni. Il revient en courant après avoir atteint la lisière et nous crie de nous préparer à tirer sur des chars.
Pendant ce temps le capitaine est revenu sur la position et fait disposer les trois pièces de manière à utiliser au mieux la position de Batterie. Les hommes sont nerveux, moi-même je ressens à ce moment ce que l’on pourrait appeler « l’angoisse du combat ». Le Capitaine d’une voix assurée commande : « Pièces essieu-bas ! ». La manœuvre est exécutée rapidement et en ordre. Les servants préparent les munitions, les pointeurs sont attentifs auprès de leurs appareils. Tous les servants sont à genoux à leur poste de combat. Le capitaine, le Sous-Lieutenant Thomas, l’Aspirant Dubuey, chef de la 2e Section, et moi-même chef de la 1ère Section sommes debout et scrutons à la jumelle la lisère du bois d’où vont surgir les chars.
Ils surgissent, un peu sur la gauche du champ de tir, à la corne du bois, cinq sur la droite en direction de St Valéry. La batterie ouvre le feu, la 1ère pièce prend à partie le char de gauche, les 2e et 3e ceux de droite. Les chars ripostent. La 3e rafales du char de gauche éclate sur la première pièce, le Capitaine Robert donne l’ordre de s’abriter dans le chemin creux. Il y a 3 morts : 1er D’Amico Marius (3) servant à la 1ère pièce, 2e Espagnon Charles, servant à la 1ère pièce, 3e Barthou Alexandre, pointeur à la 2e pièce. Et quatre blessés :
Adjudant Cau, chef de la 1ère Section.
Brigadier Debranc Etienne, chef de la 1ère pièce.
Marrot Marcel, servant à la 2e pièce.
Caly François, pointeur à la 3e pièce.

Les morts et les blessés sont descendus dans le chemin creux, le Sous-Lieutenant Thomas, le Lieutenant Roucquette (Vétérinaire-Lieutenant qui se trouvait sur la position) essaient de sauver D’Amico qui râle avec les deux jambes sectionnées.
Le Capitaine ordonne aux brancardiers d’évacuer les blessés vers le poste de secours et part lui-même reconnaître si le chemin de la mer est encore libre. Les chars n’ont pas essayé de s’approcher et ont disparu. Le capitaine revient en annonçant que le chemin est libre. Me voyant blessé, il prend dans ses bras et sanglote un peu en me disant « Et dire que moi je n’ai rien, c’est terrible Cau, vous comprenez, ce sont mes hommes. »
Le Capitaine se ressaisit rapidement et donne l’ordre de commencer à acheminer les servants vers la mer par petits groupes. Il annonce qu’il va lui-même chercher les conducteurs restés à l’échelon.
J’ai l’impression que je peux marcher et je me dirige vers la mer, soutenu par le Mdl Delmau et le canonnier Delgenes. Nous sommes fait prisonniers en arrivant au bord de la falaise par les équipages de deux chars allemands qui gardent l’accès sur la plage.
Je devais voir quelques instants après le Sous-Lieutenant Thomas tué d’une balle en plein front et apprendre qu’il était tombé en se dirigeant vers la mer après avoir quitté le dernier la position de Batterie.

L’adjudant Cau, Chef de la 1ère Section de la 5e batterie du 56e RAMD

(1) : J’ai connu le détail de la mort de ces trois officiers par le récit que m’en a fait le chauffeur de la voiture, soldat Grisonne du 81e RI, qui, blessé en même temps, était mon voisin de lit à l’Hospice Général de Rouen du 14 au 27 juin 1940 date à laquelle il est parti dans un camp de prisonniers.
(2) Ces paroles me furent rapportées par le Capitaine le 12 au matin.
(3) D’Amico était conducteur muletier. Il venait volontairement servir la pièce pour aider ses camarades car le peloton de pièce était incomplet.


A noter qu'il n'existe pas d'historique régimentaire connu pour la période 1939-1940. Le JMO, selon toute vraissemblance, a été détruit à St Valéry.




Qui êtes-vous ?

recherche d'éléments sur l'histoire de Coimères